Au fil de l'eau, au gré du vent …

Jeudi 8 septembre

Calvi / Girolata (France / Corse)

Ce matin, Simon a tout juste le temps de se laver juste en face de notre bateau avant que nous allions visiter la magnifique Citadelle de Calvi. Nous passons montrer aux enfants les emplacements des « caches » (les initiés comprendront) que nous avions découvertes en mai dernier. La promenade est fastidieuse et nous devons faire preuve d’imagination pour préserver leur motivation intacte pour aller au bout de la balade.

12h. Anne est à la gare. Elle vient de visiter le Centre de la Corse grâce au petit train des Chemins de Fer Corse qui sillonne le pays à travers les montagnes, les vallées et les côtes. 4h30 de train, 100 passagers, plus de 15 arrêts facultatifs, près de 10 obligatoires, 2 wagons, 2 WC, 1 contrôleur et 0 wagon-bar !! Anne n’a pas lu, elle n’a pas dormi non plus, elle a fait comme les vaches qui regardent passer les trains sauf qu’elle était dans le train et qu’elle a regardé passer les vaches. Nous sommes vraiment très heureux de l’accueillir sur Kusupa. Nous prenons un petit repas rapide et quittons le port de Calvi pour une première navigation en compagnie de notre hôte.

Anne n’a encore jamais mis les pieds sur un voilier mais elle fait preuve d’un grand courage et montre un comportement exemplaire : pas de vomi intempestif, pas de crise de larmes, pas de maux de tête, pas d’enfant jeté par dessus bord. Elle s’adapte à toutes les situations, y compris à l’hygiène de bord (elle a surmonté l’épreuve du seau !). Pas d’école pendant cette navigation. Nous avons droit à une distribution de cadeaux : jeux pour les enfants, livres, kit pour bracelets brésiliens, brochure de Léo Lagrange, petit mot des copains d’école … Un grand merci aux lutins qui nous ont préparé ces paquets avec amour et merci à notre Mère Noël Anne pour leur distribution !

Nous arrivons dans la baie de Girolata vers 20h. Génial, nous allons enfin voir le coucher de soleil sur la mer !!! … Ah ben non en fait. La petite baie est juste coudée comme il faut pour nous cacher cette merveille de la nature. Tant pis, ce sera pour une autre fois, on ne perd pas espoir !

Aujourd’hui nous avons fait 6 heures de navigation pour 25 miles parcourus. Pas mal pour la première journée de découverte de notre invitée. Nous décidons de nous coucher tôt afin de pouvoir profiter demain matin du village de Girolata dont nous avons entendu le plus grand bien.

Vendredi 9 septembre

Girolata / Cargèse (France / Corse)

Nous nous réveillons tôt et allons visiter le joli petit village pittoresque de Girolata.
9h00, quel beau moment pour visiter la Corse. Il fait encore frais, la lumière est splendide.
9h05, nous accrochons l’annexe au ponton et posons nos tongs sur le sable encore humide de la rosée matinale.
9h10, tout est calme et paisible. Les vaches se promènent sur la plage, les restaurateurs préparent tranquillement le service à venir, le soleil darde ses premiers rayons sur les rochers, le village se réveille en douceur.
9h15, nous grimpons sur les hauteurs et découvrons une vue magnifique sur le golfe et ses incroyables roches rougeoyantes.
9h20, nous faisons demi-tour au bout du village qui s’avère être encore plus petit qu’imaginé. Malheureusement nous ne pouvons accéder aux ruines du château actuellement en rénovation.
9h25, nous redescendons vers la plage pour siroter un petit verre dans ce décor magique et nous inonder de cette douce sérénité. Mais…
9h30 : c’est l’heure du grand débarquement. Notre tranquillité est bientôt interrompue par l’arrivée massive de dizaines de touristes qui sortent d’un minuscule bateau à moteur pour visiter au pas de course car leur bateau repart dans 30 minutes montre en main. Le charme est rompu. Dommage !

Nous reprenons l’annexe et remontons sur Kusupa. Nous partons pour une navigation de 21 miles. C’est jour d’école pour les enfants. Ils prennent toujours autant de plaisir à faire leurs devoirs et les apprentissages ne sont pas des moments douloureux… pour le moment en tout cas. Nous passons devons les calanques de Piana dont on nous a tant vanté les beautés. Bon, ok, c’est très joli mais pas non plus extraordinaire. Peut-être avons-nous raté quelques chose soit sous l’eau (faune et flore sous-marines exceptionnelles) soit sur terre (village magnifique). Tant pis, on avance.

Arrivée au mouillage de Cargèse vers 16h30. Nous filons sur la terre ferme car Anne a quand même besoin de retrouver le plancher des vaches qui lui est cher et nous, nous avons besoin d’une glace (ça fait longtemps). Surprise ! Cargèse est un village qui se mérite. Construit à flanc de montagne, il nous faut une bonne quinzaine de minutes de marche avec un sacré dénivelé avant d’atteindre le centre ville où nous décidons de nous poser pour savourer un petit cornet. C’est pile à ce moment là que nous faisons véritablement face à « l’humour corse ». Les enfants, obnubilés par leur glace, mettent sans s’en apercevoir les pieds sur leur chaise. Le propriétaire du bar vient leur faire une première fois la remarque avec un air sévère. Les enfants retirent leurs pieds, impressionnés. Quelques minutes plus tard, l’insouciance aidant et la vigilance des parents faisant défaut, les pieds d’Adam se retrouvent une nouvelle fois sur sa chaise. Deuxième venue, deuxième remarque glaciale. Adam s’empresse de retirer ses pieds. Personne ne bronche, enfants comme adultes. On ne sait pas vraiment si c’est du lard ou du cochon. Et là, quelques minutes plus tard encore, erreur fatale, Adam remet ça. Le propriétaire revient et lui fait LA réflexion de trop. Adam qui ne comprend pas pourquoi tant de dureté pour si peu se met à fondre en larmes. C’est là, pile à ce moment-là, que l’humour corse se dévoile. Le propriétaire, confus de voir que ses sarcasmes comiques n’ont pas été compris et ont un peu trop fait mouche, tente de se rattraper comme il peut en enchainant de nouvelles blagues, cette fois sur le physique de Nino qu’il compare à Dany Boon. Nino, lui, est hilare (même s’il ne sait pas qui est Danny Boon) mais pour Adam il est trop tard ! Le mal est fait. Notre sensible petit garçon tournera son nez pour le reste de l’heure suivante. Cela me fait beaucoup de peine mais cela me permet également de terminer son cornet menthe-chocolat / vanille-brownie, particulièrement délicieux qu’il délaisse pour pleurer dans mes bras. A toute chose, malheur est bon !

Nous repartons au bateau pour une soirée tranquille. Anne est toujours en vie et semble se faire à la vie à bord. La nuit sera placée sous le signe du tangage mais rien n’arrêtera le sommeil de notre randonneuse du désert.