Vendredi 23 septembre
Baia di San réparata (Italie/Sardaigne) / Stintino (Italie/Sardaigne)
Une grosse navigation de 45 miles nous attend. Démarrage fastidieux à 9h avec entre 1 et 4 nœuds de vent. Nous naviguons pendant 5 heures avec le moteur puis nous parvenons à mettre les voiles : le spi pendant 2h30 (Simon est aux anges et aux aguets à la fois) puis nous finissons au génois.
Nous profitons d’une allure au portant et d’un confort relatif pour faire l’école aux enfants et cuisiner un peu. Nous arrivons au mouillage à côté de Stintino vers 19h30 et allons au dodo presque aussitôt.
Samedi 24 septembre
Stintino (Italie/Sardaigne)
Simon décide de déplacer le bateau pour passer cette nuit au port car les fichiers météo nous annoncent un coup de vent à venir pour la soirée. Ainsi, à 8h, de bonne heure et de bonne humeur, nous remontons nos deux ancres et partons nous amarrer sans encombre 100 mètres plus loin. Stintino nous est annoncé comme un mignon petit port à visiter. Nous décidons de ne pas perdre une minute et partons pour une journée découverte.
Stintino est un village mignon mais désert. Nous supposons que l’activité se ralentit fortement à partir de la mi septembre. Un petit passage à l’Office de Tourisme nous apprend qu’un bus peut nous déposer sur l’une des plus belles plages de Sardaigne, la plage de la Pelosa. Ni une, ni deux, après un petit resto sur le pouce, nous optons pour l’option plouf dans la mer turquoise après notre frustration sur les îles Lavezzi (vilaines méduses ! ). En 20 minutes, le bus atteint sa destination et nous ne sommes pas déçus : la plage est fabuleuse. Du sable blanc très fin, une eau transparente en pente douce permettant de marcher pendant plus de 50 mètres. Seule petite ombre au tableau et pas des moindres : nous sommes samedi. Nous qui étions habitués à avoir les plages pour nous tout seuls, nous sommes obligés aujourd’hui de partager car c’est le week-end ! Bon, ce n’est pas grave car la plage est grande. Mode jeux pour les garçons et rattrapage de bronzage pour la fille. Il y a beaucoup de boulot. Les nombreuses heures passées au soleil sur le cockpit en tee-shirt et short ont eu raison de mon souhait de bronzage intégral et me voilà chocolat-vanille sur une plage où le chocolat est de rigueur sur toutes les peaux. Pour récupérer la catastrophe, il me faudrait passer des heures au soleil en maillot de bain avec des chaussettes montantes jusqu’aux cuisses et des gants jusqu’aux coudes. Pas pratique pour les manœuvres ! Tant pis, je vais devoir faire avec mon bronzage tel qu’il est.
Nous rentrons au bateau avec un vent qui se lève fortement et allons prendre une petite douche bien méritée avant d’aller nous coucher. La connexion internet du port nous permet de nous remettre à jour dans nos mails et d’écrire un peu pour le blog. Nous avons reçus les nouveaux fichiers météo et les choses se confirment : une bonne fenêtre s’ouvre pour traverser vers les Baléares. Nous irons donc à Alghero dès demain pour préparer un départ qui pourrait bien avoir lieu mardi.
Dimanche 25 septembre
Stintino (Italie/Sardaigne) / Alghero (Italie/Sardaigne)
Départ pour Alghero à 9h. Nous décidons de traverser la passe dei Fornelli au moteur pour plus de sécurité car les fonds n’atteignent parfois que 2 mètres. Il nous faut être très prudents. Cette zone est magnifique et nous fait passer au large de la plage de la Pelosa.
10h : le vent est avec nous et nous décidons de mettre les voiles. Comme de coutume, Simon hisse et je barre. La grand voile est presque finie d’être hissée quand tout à coup « Patatras », la manille lâche et la grand voile retombe d’un seul bloc. Nous ne savons alors pas que c’est uniquement la manille qui s’est ouverte et croisons les doigts pour que ce ne soit pas la drisse qui se soit rompue à l’intérieur du mât. Dans tous les cas, il nous est à présent impossible d’utiliser la grand voile car la drisse est restée en tête de mât. Plusieurs solutions s’offrent alors à nous : `
- Terminer la navigation au moteur et attendre d’être au port pour monter au mât et faire la réparation ultérieurement
- Mouiller dans une crique proche et monter au mât pour faire rapidement la réparation
- Monter au mât pendant la navigation et faire la réparation tout de suite
La première solution est rejetée car il nous reste encore au moins 5 heures de navigation à faire et nous préférons le doux bruit du vent dans les voiles au grondement sourd du moteur.
La seconde solution nous semble la plus raisonnable mais, au regard du nombre de miles qui nous restent à parcourir, nous n’avons pas envie de nous rallonger encore plus le trajet.
La mer est calme et le vent à 10 nœuds est stable. La troisième solution semble être réalisable. Je monte donc au mât en pleine mer et en pleine navigation. Trop chouette !!
Dans la mesure où nous avons vu la grand voile s’écraser sur la baume après une chute de quelques mètres à cause d’une rupture encore inconnue, nous décidons d’assurer ma montée par l’accroche de deux bouts. Et c’est parti !
Aucun souci pour la montée. La vue panoramique du haut du mât est à couper le souffle. D’un côté une mer scintillante à perte de vue et de l’autre la roche brute du Nord de la Sardaigne. Une petite pensée pour tous ceux qui souffrent du vertige et qui n’auront probablement jamais la chance de découvrir ces merveilles. Trêve de rêveries, il est l’heure de faire le boulot! Malheureusement, le bout qui me hisse ne monte pas assez haut pour que je puisse attraper la drisse de grand voile. Je demande donc à Simon de me hisser la gaffe.
Simon part chercher tout ce qu’il faut (gaffe, scotch, bout) tandis que je continue à me délecter de cette vision imprenable sur l’horizon et les terres alentours.
Une fois la gaffe hissée, je parviens enfin à récupérer le bout de la drisse et je le redescends, tout cela grâce aux gros muscles de Mr Goasguen qui, alors que je me préalasse dans la chaise portative a la lourde tâche de me monter et de me descendre ! Nous prenons alors le temps de refixer correctement la drisse avec une nouvelle manille et c’est reparti mon kiki.
Il est 11h et nous voilà à présent sous voiles avec grand voile et génois et prêts à en découdre si d’autres mésaventures nous tombent dessus. La navigation se passe bien avec repas, école, sieste et bouquin. Cela commence à être difficile pour les enfants de faire l’école avec nous. Est-ce une question d’autorité ? de rythme ? de concentration ? Probablement un mélange de tout cela qui ne leur permet pas d’être dans des conditions optimales d’apprentissage. Nous allons essayer de repenser un peu les choses et de poser des règles plus strictes dans les jours à venir.
Nous arrivons au port d’Alghero à 17h30. C’est l’heure de la douche et du lavage de cheveux pour moi !!! Léna me demandait récemment dans un mail comment se portent mes cheveux. Pour lui répondre honnêtement, ce n’est pas le top. Simon a eu la gentillesse de me trouver de «l’huile miraculeuse ou merveilleuse ou extraordinaire » mais j’oublie souvent d’en mettre. C’est bien dommage car les cheveux, le vent, le soleil et l’eau salée ne font pas bon ménage. Mais ce n’est pas grave car ils sont attachés le plus souvent et je ne m’en rends plus compte. Fin du paragraphe beauté.
Nous profitons de cette belle soirée ensoleillée pour aller faire un tour dans Alghéro. Quelle belle surprise de trouver une ville dynamique et vivante ! Il y a du monde partout et tous les commerces sont ouverts en ce dimanche de fin septembre. Les petites rues piétonnes et le centre historique donnent beaucoup de charme à la ville. Il est presque 19h30, l’heure du coucher du soleil. Nous trouvons LE spot parfait pour admirer notre premier coucher de soleil sur la mer … On y croit à fond !! Et bien ce ne sera toujours pas pour aujourd’hui : de vilains nuages viennent cacher le soleil au dernier moment. Grrrrrrr !!! Une grande pensée à Anne qui va sans doute sourire en lisant ce passage. Tant pis ! Nous reviendrons demain.
Nous finissons la soirée dans une petite pizzéria avec vue sur la mer et nous rentrons vite nous coucher car nous avons prévu une grosse journée sportive demain.
Lundi 26 septembre
Alghero (Italie/Sardaigne)
La matinée est active. Dès le lever des enfants, nous filons à l’Office de Tourisme de la ville pour connaître les excursions intéressantes. J’ai repéré une balade dans des grottes (en passant par de longs escaliers) qui me semble particulièrement chouette à faire avec les enfants. Finalement, la dame de l’Office de Rourisme qui n’en est pas vraiment un nous envoie vers un autre Office de Tourisme (qui n’en est pas vraiment un non plus) qui nous envoie vers L’Office de Tourisme Municipal. Nous y sommes accueilli très mal par un sorte de gorille qui nous regarde à peine, nous donne rapidement les informations demandées et attend avec envie que nous partions afin de retourner sur son écran d’ordinateur : Démineur ? Solitaire ? Pikachu en bikini ? Nous ne le saurons jamais ! Peu importe d’ailleurs car nous repartons avec les informations dont nous avons besoin pour la journée. Nous faisons notre lessive dans une lavanderia proche et pas chère (6€ les 16 kg). Heureusement car nous avons une grosse tournée de draps à faire !! Nous faisons les courses et un peu de ménage et préparons nos sacs à dos pour notre petite excursion.
Nous prenons un bus à 15h qui nous emmène à Capo Caccia, le lieu de démarrage des escaliers interminables menant aux Grottes de Neptune. J’avais repéré cet endroit sur un guide et cela me semblait être un bon challenge pour les enfants car il s’agit d’un escalier de pierre à fleur de rochers ne comptant pas moins de 650 marches !!! Le grossier type de l’Office de Tourisme nous a d’ailleurs regardé de pieds en cape avant de déclarer « Vous savez, c’est dur avec des enfants … (regard dubitatif). Enfin, vous êtes leur mère, c’est vous qui décidez après tout… (regard réprobateur). Voici quand même les horaires des bus (regard à son ordinateur). » C’est tout vu ! Mes enfants ont monté et descendu des tours, des tours et des tours et ils sont plus que capables de se farcir ces insignifiants escaliers de pierre !! BIM !
Nous arrivons donc en haut des marches à 16h et c’est parti pour la descente. Les enfants s’en donnent à cœur joie car le défi les intéresse. Ils dévalent les marches en à peine 10 minutes ! Le spectacle pendant la descente est grandiose ! Nous avons un temps magnifique et pouvons admirer la roche, la mer et cet incroyable escalier à flanc de montagne.
Une fois arrivés en bas, c’est l’heure de visiter la fameuse grotte de Neptune, appelée ainsi en hommage au Dieu de la Mer (Poséidon dans la mythologie grecque). Seule ombre au tableau : nous arrivons pile en même temps qu’un bateau touristique et faisons donc la visite en queue de peloton recevant les informations de la guide 5 bonnes minutes après le lieu dont il est question dans ses commentaires. Peu importe. Les enfants se régalent du décor fantastique qui leur est réservé : des colonnes de pierre sortent du sol et du plafond. Ce sont des stalacTites (qui Tombent) et des stalagMites (qui Montent) et qui parfois se rejoignent. De petits lacs permettent aux roches de se refléter et décuplent la magie du lieu. La visite est trop courte. Nous aimerions aller encore plus loin quitte à se faire un peu de spéléologie mais malheureusement ce ne sera pas pour aujourd’hui. Fin de l’exploration souterraine. Les enfants ont les yeux qui brillent. Voilà un décor supplémentaire pour leurs prochaines aventures imaginaires.
Il est l’heure à présent de reprendre des forces avec un bon goûter et quelques bonbons réparateurs d’énergie car les 650 marches nous attendent de pied ferme. Et c’est parti ! Au bout de 100 marches, Samuel craque et monte sur les épaules de son père. Par contre, Nino et Adam gravissent fièrement et sans aucune peine l’escalier infernal. Nous arrivons en haut, fatigués mais heureux de l’avoir fait. Nous avons pu faire la nique aux 100 touristes repartis en navette par la mer et nous avons une pensée narquoise pour le Méchant de l’Office du Toursime à qui nous aurions très envie de dire « Alors, tu vois ! On l’a fait les doigts dans le nez !!! Et toi, tu es cap de les monter ces marches ???? (rire sarcastique) ».
Petite séance photo et rigolade avant de reprendre le bus pour Alghero. Ce soir, c’est sûr, nous ne manquerons pas le coucher de soleil sur la mer !
Arrivés en ville, nous filons en direction des remparts vers notre spot attribué. Mais en cours de route, nous entendons des voix d’enfants qui nous font bifurquer : une école est en train de répéter son spectacle en italien tiré tout droit du film « Les choristes » avec des enfants comédiens, chanteurs et musiciens. Nous nous asseyons devant le spectacle et décidons de regarder un peu. C’est très émouvant de découvrir le film ainsi interprété.
Il est 19h25. Vite, le coucher du soleil ne nous attendra pas !! Finalement, c’est encore raté pour ce soir une fois de plus à cause des nuages. Snif !! On rentre au bateau en passant par une caverne aux bonbons et finissons la soirée en regardant « Les 5 légendes ».
Encore une merveilleuse journée passée tous les 5 ! Nous nous couchons tous le sourire aux lèvres en sachant que demain sera une journée un peu spéciale.
Mardi 27 septembre
Alghero (Italie/Sardaigne) / la mer
Cette matinée est placée sous le signe de la douche, des mails, du blog, du nettoyage, de l’achat de matériel de pêche et autres petites choses pour être prêts à partir. Nous quittons Alghéro vers 14h pour notre première traversée comprenant des navigations de nuit. Petite appréhension pour moi et Adam mais les conditions météo s’annoncent favorables. Tout devrait donc bien se passer. C’est parti pour 2 jours et 2 nuits sans possibilité de quitter le bateau ! 200 miles à parcourir! Une grande pensée pour vous qui êtes sur la terre ferme en ce moment même.
A bientôt pour ces premiers récits de traversée… Nous partons….
Alors ça y est, on croise les doigts pour vous, super météo pour les jours à venir…
Petite astuce pour la drisse de grand voile, sur Krysfil nous n’avons pas de manille mais un noeud étrangleur que nous coupions de temps en temps quand la drisse donnait des signe de fatigue et surtout une deuxième drisse à la place de la balancine au cas où…
Quand vous lirez se message vous serez sûrement arrivé aux Baléares, profitez en bien et bon voyage.