Le petit cheval blanc… Dans la dernière ligne droite qui nous mène aux Açores, le temps est venu de le remercier grandement et de lui présenter toutes mes excuses. Tu nous a menés jusqu’ici, et plus les jours s’enchaînent, plus tu me fais penser aux paroles de la chanson de Brassens : « Et toujours il était content, tous derrière et lui devant. »
Je dois bien admettre que la première fois où j’ai entendu ton nom, je l’ai trouvé ridicule et absolument pas exotique. Non, je n’imagine pas une île de Thaïlande avec ce nom.
Je l’ai trouvé ridicule voir même moche et vulgaire. J’avais l’impression d’entendre un mec complètement bourré en boîte de nuit qui en titubant se rapproche d’une jeune femme, lui beugle à l’oreille crûment sans pouvoir vraiment articuler, en bouffant les ch et le tu, « T’ couss ou pas ? ». Effet glauque garanti.
Maintenant tout est différent. Ton nom résonne comme un beau cheval sur lequel on mettrait un billet au tiercé. Dans la course de l’hippodrome d’Auteuil se présente pour le sprint final le jeune cheval blanc Kusupa, il se lance, il déborde, il cravache, il va gagner, et oui, il passe la ligne en vainqueur. Mesdames, Messieurs, c’est sur lui qu’il fallait miser pour ce quinté cette après-midi. A vous les studio.
Plus je me déroule le film, plus les images défilent de cette traversée, plus je te vois vaillant dans toutes les circonstances. J’ai souvenir d’une nuit au près qui ressemblait à une longue chevauchée sans fin. Tu ne lâchais pas, tu y retournais, contre le vent et contre les vagues. « Le petit cheval dans le mauvais temps qu’il avait donc du courage. » Le lendemain, le temps s’est calmé, le soleil est apparu et tu as levé le pied. Tu étais fier et tu récupérais avant de te relancer, de nous relancer.
Kusupa, tu es une belle monture et c’est un régal d’être à tes côtés.
Je pense que, pour le frangin, te quitter ne sera pas aisé.
Alors j’espère que tu ne finiras pas comme dans la chanson.
Je te présente donc toutes mes excuses et je te remercie pour ce voyage partagé.