L’aventure est terminée depuis bientôt un an. Il est l’heure d’établir un bilan de ce que celle-ci a pu susciter de changement en nous. Pour ma part, il me semble que le changement est survenu à plusieurs niveaux.
Celui de notre rapport au temps
Pourtant loin du consumérisme pléthorique, nous constatons que notre vie de citadins sédentaires nous incite à entrer dans une spirale infernale à laquelle il est ardu de mettre un terme : celle de la course après de le temps, cette envie de pouvoir utiliser chaque seconde de façon « rentable », utile. L’expérience de cette année et de cette parenthèse enchantée m’a fait prendre conscience de cela. Cette situation ne me rendait pas malheureuse mais elle devenait anxiogène. Il m’était difficile voire impossible de ne RIEN FAIRE durant quelques minutes. On parle bien de ne RIEN faire, pas même lire un livre ou écouter de la musique. Non, juste RIEN, regarder, respirer et prendre conscience de l’instant. Cela fait maintenant un moment que je m’intéresse à cette question de la pleine conscience, une façon de vivre qui me semblait si loin de moi mais qui me faisait tellement envie. Dans la pleine conscience, la sensation que « le temps passe trop vite » n’existe plus. Le temps passe, tout simplement, ni vite, ni lentement. Il est là et nous le vivons pleinement. Dans un premier temps, savoir ne rien faire est un bon commencement, ensuite apprendre à profiter de chaque instant devient un aboutissement d’abord utopique puis atteignable.
La lecture de quelques livres, m’a d’abord permis de comprendre qu’il m’était nécessaire d’arrêter l’hémorragie du « toujours plus » dans ma vie quotidienne (plus de travail, plus d’activité physique, plus d’investissement dans la vie des enfants, plus de moments créatifs, plus de lectures… ) en faisant rentrer tout ce plus dans les éternelles 24 heures quotidiennes. Je pense aujourd’hui que c’était ma façon de vivre « à fond », d’utiliser chaque moment, d’exister et de contrôler, d’être au cœur de l’action (mon âme d’aventurière probablement).
Je pense que cet état d’esprit qui s’est transformé petit à petit en trop plein y est pour beaucoup dans mon envie de changement et de faire une pause afin de mettre un terme à cet engrenage démentiel. En quelques semaines de cette nouvelle année, c’était chose faite. J’étais plus dans le présent et disponible à ouvrir mon esprit à d’autres façons de vivre. Cela me permet aujourd’hui d’avoir un regard sur moi-même bienveillant et constructif et un rapport aux autres plus simple, plus vrai et plus intense.
J’envie tellement Simon d’être déjà ainsi, de ne pas réfléchir le présent mais de le vivre de façon naturelle, intuitive. C’est une vraie chance, une véritable qualité dont il est probablement difficile de se rendre compte.
Celui de notre mode de vie
Puis je me suis mise à la lecture du livre Zéro déchet que l’on m’a prêté (merci Laurence!). Celui-ci m’a permis de prendre pleinement conscience de notre responsabilité de citoyen dans ce monde tel le colibri luttant seul contre l’incendie mais apportant tout de même sa pierre à l’édifice pour stopper les flammes. Les enfants ont été très sensibles à ce livre et souhaitent maintenant eux aussi être plus respectueux de la nature et de l’environnement pour tenter d’enrayer le désespérant cycle de destruction dans lequel nous sommes entrés depuis plusieurs dizaines d’années.
Enfin, différentes rencontres (notamment Cathy, la tante de Simon) m’ont apporté de nouvelles connaissances en matière de soin vis à vis de son corps. J’ai acheté le livre « la naturopathie pour les nuls » absolument pas convaincue par ce qui m’a toujours semblé de prime abord comme une façon de vivre marginale, un peu bobo, limite jusqu’auboutiste. Pourtant, ce livre, très bien conçu, m’a tout de suite parlé. Il ne s’agit pas d’être en opposition ave la médecine actuelle dite « allopathique » ou de faire appel à des potions magiques mais bien de respecter les si célèbres dictons « un esprit sain dans un corps sain » ou encore « mieux vaut prévenir que guérir ». Il s’agit d’une pratique tournée autour du bien-être du corps et de l’esprit, le bien-être intérieur garant d’une bonne hygiène de vie et d’un corps en bonne santé.
Puis la rencontre avec des Dominicains rasta a été importante, notamment Boudha (de son surnom). Il nous a expliqué que la nature nous donne tout si on sait s’arrêter et observer. Elle nous donne de quoi nous nourrir et de quoi nous guérir. Il nous a raconté avoir fait un long trek de 15 jours pour traverser l’île du Sud au Nord. Il n’avait emporté avec lui qu’une tente et un couteau. Tout le reste lui a été « offert » par l’île.
Lors de notre précédente visite en Dominique il y a plus de 15 ans, nous nous étions rapidement enfuis de cette île car nous recherchions le soleil et la chaleur et avions trouvé la pluie et l’humidité. Nous découvrons aujourd’hui que la pluie fait partie intégrante du pays et qu’elle lui est nécessaire pour permettre une telle magnificence de la nature. Après cela, on voit la vie et la pluie de façon différente. A un touriste qui se plaignait à grands cris de la pluie constante sur la Guadeloupe, un des marineros du port a répondu : « Il ne pleut que sur les cons ». Hihihi! Je trouve cette phrase tellement drôle vraie. Evidemment, si vous avez pris le temps de lire ce blog, vous constaterez que la pluie tombe souvent sur mes parents. Ne rien en déduire car, contrairement à ce que sous-entend cette citation, eux ne s’en plaignent jamais et la prennent telle qu’elle est : comme une manifestation de la nature et pas comme une plaie.
« La naturopathie pour les nuls » m’a également ouvert les yeux sur de nouveaux modes d’alimentation. Nous nous moquions largement de nos amis les Molly et de leurs algues. Il s’avère que les algues sont peut-être les aliments les plus riches pour la santé !!! Dingue, non ? Et le levain vivant et le kéfir et les graines germées… Une prise de conscience c’est sûr ! Depuis notre retour, nous avons complètement modifié notre alimentation. Nous ne consommons quasi exclusivement que des produits bio et si possible locaux. C’est un vrai grand changement pour nous qui sommes plutôt de la génération Macdo.
La venue de Anne aussi a été bénéfique sur ce point. Les discussions autour de son nouveau projet « Les Simone », de sa manière de voir la vie, de son souhait d’arrêter de courir sans cesse et de prendre plus le temps pour les petites choses de la vie comme cuisiner ou bricoler. Ces temps d’échange ont été très riches pour moi. Merci Anne pour cela.
Bon, reste la fameuse rencontre avec Stéphane et Stéphanie de Marie-Galante qui, en une heure ou deux nous ont expliqué que « le coca est un poison, le futur président français a été choisi en secret bien avant les élections, le cinéma hollywoodien nous prépare à accepter en silence un futur totalitaire, les Walt Disney sont gavés d’images subliminales incitant à la consommation, … » Autant de théories qui donnent à réfléchir. En tout cas, les enfants ont dit STOP au coca après cette soirée et regardent autrement les Walt Disney !!
Celui de notre regard sur la vie
Bref, même s’il est impossible de décrire précisément tout ce qui s’est joué durant cette année, il est certain qu’elle nous a transformé de l’intérieur. Nous ne pouvons plus envisager l’avenir de la même manière qu’auparavant. Nous pensons autrement, nous vivons autrement, nous construisons autrement. C’est un vrai chouette changement qui est profondément ancré en nous.
Un nouveau regard pour une nouvelle vie…
De nouveaux rêves à réaliser…