Samedi 10 septembre
Cargèse / Porto Polo (France / Corse)
Départ à 9h. Nous savons que nous avons une longue route devant nous : 35 miles à parcourir et probablement très peu de vent si on en croit les fichiers météo du jour. Nous nous éloignons donc doucement au moteur de la tour génoise de Cargèse en direction de la tour génoise du Cap Féno. Contre toute attente, le vent se lève tranquillement et nous sortons les voiles 30 minutes après notre départ. Le bateau file à bonne allure. Nous apercevons au loin la tour génoise de la baie de Sagone et la tour génoise de la pointe du Capigliolu sans oublier la tour génoise de la pointe de Palmentojo. La matinée est placée sous le signe des jeux et du repos. Nous en profitons pour commencer la réalisation de bracelets brésiliens.
Juste après le repas du midi, nous nous engouffrons dans la splendide passe des Iles Sanguinaires (6m de profondeur, 40m de large) d’où nous toise son impressionnante tour génoise du haut de ses 74 m et évitons l’écueil du Tabernacle dont la tour génoise nous offre son splendide profil dans les rayons d’un soleil ardent. Le paysage est magnifique et nous fait étrangement penser à la belle Irlande. Nous faisons école l’après-midi et passons sans regret le golfe d’Ajaccio dont l’urbanisation nous rebute malgré la magnificence de la tour génoise de la pointe de la Sette Nave, la beauté de la tour génoise de la pointe Castagna et la prestance de la tour génoise de la pointe de Guardiola. Nous passons devant la tour génoise du Cap Muro vers 16h30 et nous réjouissons de retrouver le paysage sauvage de la Corse profonde. Nous arrivons au mouillage de Porto Polo à 18h30 où nous attend stoïquement sa remarquable tour génoise baignée dans la lueur rosâtre de cette fin de journée.
Nous sommes fatigués. La navigation était longue et nous sommes contents d’être arrivés. Nous descendons l’annexe et rejoignons la plage pour que Anne puisse faire sa petite promenade quotidienne. Je reviens à la nage sur le bateau pour préparer le repas tandis que les enfants continuent à s’amuser dans l’eau et sur la plage. Ils créent un jeu de dames avec le sable et de scailloux noirs et blancs, trop chouette! Il va falloir penser sérieusement à avoir une conversation avec le Père Noël. La soirée est joyeuse devant Fort Boyard. Nous nous couchons épuisés mais ravis avec des images de tour génoise plein la tête.
Dimanche 11 septembre
Porto Polo / Porticciu (France/Corse)
La nuit est calme. Pas de houle, pas de vent. Alléluia ! Nous dormons du sommeil du juste. Anne se réveille fraîche comme un gardon et prête pour cette nouvelle journée de navigation. Quelques minutes après notre départ, nous décidons de lancer le spi. C’est la première fois depuis le début de l’aventure avec les enfants. Grand moment d’émotion et photos à gogos.
La matinée se passe à faire des jeux de toutes sortes : 7 familles, Halli galli, triomino, chromino, gob it. Tout se passait bien jusque là mais, pour une sombre histoire de tricherie malhonnête, Adam fait une crise et devient insupportable et impertinent. Nous nous efforçons de le raisonner en tentant une approche douce, constructive, ludique puis sévère et pugnitive avec fronçage de sourcils et de comptage jusqu’à 3. Rien n’y fait ! Le petit bonhomme est têtu comme une mule et décide de nous tenir tête. Le ton monte pendant une manœuvre avec le spi et je finis par me brûler les doigts faute de concentration. Adam s’en sort avec une bonne fessée et une privation de bonbons pour les jours à venir. Nous sommes très affectés par cet épisode. Les limites du bateau se trouvent également dans ces moments-là. L’enfant aimerait pouvoir s’isoler ou partir loin pour extérioriser ou gérer sa colère et son incompréhension mais c’est impossible (à moins de sauter à l’eau). Nous n’avons pas su trouver les mots pour que la communication puisse être rétablie avant d’en venir à des solutions qui n’en sont pas. C’est la première fois qu’un tel conflit apparaît sur le bateau. Nous espérons que nous n’aurons pas à gérer trop souvent ce genre de situations fort pénibles pour tout le monde et qui n’amènent que du négatif. Nous ne manquerons pas d’en reparler avec Adam à d’autres occasions.
Nous décidons de marquer une vraie pause à midi au mouillage de la Cala de Roccapina, célèbre pour son fameux rocher en forme de lion. Spot magnifique, eau turquoise, peu de bateau. Nous nous jetons à l’eau et sommes ravis de découvrir un banc d’une centaine de poissons nageant juste sous notre bateau.
Un voilier de « tout nus » part du mouillage juste sous notre nez. Nous les regardons avec Anne l’air de rien (évidemment) car certains sont plutôt agréablement bâtis. Les « tout nus » sont ces gens qui, sans pudeur aucune, sans exhibitionnisme aucun, en toute simplicité et avec beaucoup de modestie pour certains, se promènent en costume d’Adam sur leur voilier, se lavent, se bronzent, mangent et, plus fort encore, font leurs manœuvres si légèrement vêtus. Nous en avions croisé beaucoup sur la côte d’Azur puis les avions perdus de vue lors de notre passage en Italie. Nous sommes ravis de les retrouver ici car ils nous donnent le sourire le matin au réveil, nous apportent un nouveau point de vue sur le paysage, nous ramènent à l’essence de la vie en ne faisant qu’un avec la nature et, surtout, nous autorisent en toute liberté à faire nous aussi partie de leur clan lorsque le besoin s’en fait sentir.
Une petite sieste s’impose après le copieux repas de spaghettis bolognaises. Nuages et grondements de tonnerre viennent stopper notre douce torpeur et nous décidons de quitter l’orage et le mouillage en hâte pour naviguer vers des cieux plus cléments. Jeux à l’intérieur le temps que la pluie cesse.
Aujourd’hui est un jour important pour nous car nous fêtons nos 12 ans de mariage. Et comme le dit le dicton « Anniversaire de mariage pluvieux, mariage heureux ! ». Pour le moment, on ne se plaint pas. Mes pensées vont vers Maxime Farges en ce jour et je ne doute pas qu’il comprenne pourquoi. 🙂
Arrivée à 17h au mouillage de Porticciu. Nous sommes complètement seuls dans une crique sauvage et magnifique. Petite balade en annexe avant de rejoindre la plage pour une séance plouf et bronzette.
Cette navigation a été fort sympathique agrémentée par la vue sur la majestueuse tour génoise de la Calanca, l’incroyable tour génoise de la pointe de Campomoro, la fabuleuse tour génoise de la pointe de Senétosa, l’inénarrable tour génoise de la pointe de Roccapina, l’ineffable tour génoise d’Olmeto et l’indescriptible tour génoise de Caldarellu.
Nous finissons la journée par une partie de Uno et un bon gros dodo.
Lundi 12 septembre
Porticcio / Bonifacio (France/ Corse)
Le réveil est tranquille ce matin. Nous avons peu de chemin à parcourir et nous accordons une petite séance de natation au tomber du lit pour profiter au maximum de ce petit coin de paradis. Depuis hier, des trainées blanches sur les rochers nous intriguent et je décide de me jeter à l’eau pour aller résoudre cette énigme. Les avis fusent : calcaire, sel, roche creusée, dépôt plastique. Eh bien non! Ce sont de simples algues qui viennent se déposer toujours au même endroit créant ces formes blanchâtres. Le mystère est résolu, nous pourrons partir l’esprit apaisé. En attendant, Anne s’invente prof de natation pour Samuel qui se révèle être un élève très appliqué. Les encouragements sont nombreux et les conseils forts pertinents : « Bravo Samuel ! Continue ! Pousse la mer ! »
Nous prenons le départ à 10h direction Bonifacio. Le vent nous emmène à destination en 1h30. L’arrivée est magique dans ce port enclavé, caché par les falaises. Anne et moi, en bonnes anciennes étudiantes de Khâgne, nous interrogeons sur l’étonnant changement géologique entre la côte en amont de Bonifacio et celle en aval. C’est un peu comme passer des montagnes du Colorado aux falaises d’Etretat en quelques mètres.
Nous cherchons avec Anne dans nos souvenirs des cours de géographie et de géomorphologie parmi les cuestas, les bocages, les failles et autres phénomènes naturels mais rien n’y fait, notre source de connaissances est insuffisante. Donc recherche sur Google :
« Les falaises blanches de Bonifacio sont constituées d’une succession de couches horizontales avec de temps en temps, prises en sandwich, d’étonnantes couches dont la stratification est oblique. Les géologues en étudiant ces dépôts marins ont montré qu’il s’agit de formations stratigraphiques témoignant d’un changement des milieux de dépôts et traduisant la récente histoire mouvementée de la Méditerranée… »
Pour les plus curieux, je vous laisse creuser.
Nous arrivons au port et nous amarrons sans aucune difficulté au ponton.
Le changement d’ambiance est violent car il y a énormément de touristes sur le port. Tous ces va et vient font tourner la tête de notre invitée qui commence à sentir la fin du voyage. On décide de manger sur le bateau pour pouvoir profiter d’une longue visite de la ville haute l’après-midi. Nous prenons le petit train (Samuel est trop content) pour monter tout en haut. Nous visitons la ville, montons les 187 marches de l’escalier du roi d’Aragon, explorons le Bastion de l’Etendard grâce à un parcours ludique destiné aux enfants et finissons notre découverte par une bonne glace et une belle promenade le long de la falaise avec une vue stupéfiante sur la côte.
Il est tard. Nous rentrons à pieds et décidons de faire l’impasse sur la douche ce soir, par flemme sans aucun doute mais aussi car nous trouvons que nous ne sentons pas si mauvais que ça. Les filles se transforment en vraies filles (robes et boucles d’oreilles de rigueur) tandis que les garçons changent de tee-shirt. Vêtus de nos habits de lumière, nous terminons la soirée dans un petit restaurant profitant de frites maison exceptionnelles et de moules de Sardaigne (probablement transgéniques au regard de leur taille !). Nous profitons de cette dernière soirée avec Anne pour papoter longuement, préparer les petits paquets qu’elle ramènera en métropole et pour la soumettre à notre interview finale. Son départ nous rend bien tristes et la nuit sera morose pour moi.
Mieux qu’un guide ! Votre blog est un régal .(culture, lieux à visiter)
Merci Anne pour le colis .
Magnifiques tee-shirts et très belles photos de paysages.
» Les « tout nus » sont ces gens qui, sans pudeur aucune, sans exhibitionnisme aucun, en toute simplicité et avec beaucoup de modestie pour certains, se promènent en costume d’Adam sur leur voilier, se lavent, se bronzent, mangent et, plus fort encore, font leurs manœuvres si légèrement vêtus. Nous en avions croisé beaucoup sur la côte d’Azur puis les avions perdus de vue lors de notre passage en Italie. Nous sommes ravis de les retrouver ici car ils nous donnent le sourire le matin au réveil, nous apportent un nouveau point de vue sur le paysage, nous ramènent à l’essence de la vie en ne faisant qu’un avec la nature et, surtout, nous autorisent en toute liberté à faire nous aussi partie de leur clan lorsque le besoin s’en fait sentir. »
C’est exactement comme ça que je conçois la navigation, je ne me vois pour rien au monde mettre des vêtements sur un bateau où je suis avec famille et amis.