« Ne soyons pas otages de notre quotidien. »
Il me semble que c’est de cette résolution 2015 (un peu pompeuse quand même), pondue par notre Simon national le 31 janvier de la même année (il était temps) qu’est né notre grand projet.
La vie passe, la vie court, la vie file…
Un jour, sans que l’on n’y prenne garde, elle se pose. Alors elle est là, juste là, à portée de main. Mais le moment est trop bref, notre attention trop ténue. Il est déjà trop tard. Nous voilà à nouveau portés par ses flots qui poursuivent leur route inexorablement laissant en nous un sentiment vif de fugacité (petite envolée lyrique pour le plaisir).
Le quotidien est à la fois merveilleux et dangereux. Il nous apporte énormément de joie mais peut également vite nous aliéner. Les jours passent et se ressemblent entremêlés de rires et de haussements de voix. Doux et tranquilles mais noyés dans un ronronnement parfois bien monotone.
Ainsi, il était une fois une famille bien tranquillement installée dans son quotidien familial, professionnel, amical et sportif et tout aurait pu rester ainsi pour le plus grand bonheur de tous. Mais voilà qu’un petit grain de sable à commencer à faire grincer le beau rouage. Quelques déceptions professionnelles simultanées, une sensation de ronron un peu trop confortable, des copains qui déménagent et un petit voyage de noces d’étain en Corse au mois de Mai 2015 et il n’en a pas fallu plus pour qu’un rêve devienne réalité.
Complètement inexpérimentée dans l’art de la navigation, l’idée même de partir en famille sur un voilier me semblait totalement inappropriée. Comme beaucoup des personnes de notre entourage à qui nous avons parlé du projet, partir loin sur un bateau me paraissait dangereux, inconfortable, contraignant et j’en passe. Simon, lui, avait fait quelques stages de voile aux Glénans et se sentait parfaitement à son aise au milieu de l’iode et des embruns malgré son aversion pour l’ensemble des produits de la mer.
Pour rire, nous évoquions ensemble une année sabbatique en bateau pour aller voir ailleurs. Nous parlions de notre envie commune de faire une parenthèse dans notre quotidien, de sortir de notre zone de confort mais surtout de vivre avec les enfants et pas à côté d’eux. Partager des émotions, des sensations, des odeurs, des couleurs, des valeurs, une aventure de vie. Mais c’était juste pour rire et pour rêver un peu…
C’est sur les chemins pierreux dans les environs de Monticello que la graine a germé. Je regardais depuis quelques temps déjà les blogs de ceux qui avaient osé, qui avaient eu le courage de partir à l’aventure affrontant un élément méconnu, immense et parfois hostile : l’océan. L’inaccessible étoile est alors devenue plus proche. Un grand merci d’ailleurs à toutes les familles qui ont publié leurs histoires sur des blogs publics. Sans cela, je pense que je n’aurais jamais pu entrevoir la faisabilité du projet.
Ayant déjà répondu à la question du pourquoi, nous avons donc profité des longs sentiers de randonnées à deux pour évoquer les qui, comment, quand, combien et où. Ce projet fantasmé était-il vraiment réalisable??
Peu à peu, nous avons élaboré des réponses parfois simples parfois bien plus complexes. Et surtout nous avons fait UN CHOIX. Sur l’ensemble des blogs que j’ai pu découvrir tout au long de ces mois, je crois que la question du choix est la clef. Bien entendu, la question budgétaire est également importante mais chaque famille candidate au départ peut faire selon ses moyens : tour de l’Europe à pieds, tour du monde à vélo, pays scandinaves en camping-car, triple boucle piqué du globe en jet et yacht ( je n’ai pas trouvé le blog de cette famille-là!). Le plus difficile est en fait de prendre la décision et de s’y tenir.
Pour nous, la décision étant prise, il nous a fallu trouver notre moyen de locomotion, celui qui nous permettrait d’avancer, de voir ailleurs, de larguer les amarres : LE BATEAU. Mais ça, c’est une autre histoire…